Spring 2024 Update : le vrai nom de la mise à jour de Google

De:

Nicolas Audemar

Publié le : 09.05.2024

Voilà que Google a décidé de frapper du poing sur la table le 5 mars dernier, annonçant non pas une, mais deux mises à jour : la Core Update (intégrant le HCU) et la Spam Update…

Et comme si ce n’était pas assez, une surprise attendait dès le 5 mai : une pénalité destinée aux sites qui abusent de leur autorité pour ranker (presque) n’importe quoi, allant des mots-clés pour des demandes de devis travaux (oui, oui, ça existe) jusqu’aux guides d’achat et en passant par les codes promos.

Les journaux occidentaux sont directement pointés du doigt, et on se demande si on est encore en période d’armistice du côté des SERPs, ou si la guerre du grand G (Google) a déjà touché les SERPs françaises.

Préparez-vous, car Google ne plaisante pas : les MFA (Make For Adsense/Affiliation), les sites construits avec l’IA et certains médias sont en ligne de mire.

Bref, Spring 2024 Update pourrait bien être l’équivalent d’une tempête printanière sur le monde du SEO. Bouclez vos ceintures, car ça risque de secouer !

Google Update : la Télénovela SEO continue

On est d’accord que les différentes mises à jour de l’algorithme de Google prennent des allures de télénovela ?

Avec leurs retards et leurs rebondissements aussi captivants que générateurs de sueurs froides pour les spécialistes du référencement mondial. Dès la fin du SEOCamp Paris le 26 avril dernier, on a appris que Google avait terminé le déploiement de la Core Update… une semaine auparavant.

Pour ajouter un peu plus de piment, nous avions déjà analysé en partie le Spam Update de mars 2024, qui a laissé pas mal de sites sur le carreau, ainsi que le mélange avec les fluctuations du HCU (Helpful Content Update).

Regardons désormais ensemble qui sont les vainqueurs et les perdants de ces deux grosses mises à jour, qui ont bouleversé et même détruit bien des négoces en ligne.

Préparez vos mouchoirs ou vos coupes de Champagne, car entre désindexations sauvages et gains miraculeux, le spectacle fait rage !

Les gagnants du Core et Spam update de mars 2024 en France

Avant de proposer un tableau avec les 100 premiers gagnants, que j’ai cette fois classés à partir de 0,5 points de visibilité, quelques éléments révélateurs illustrés de commentaires et graphiques.

L’essor des collectivités

Nous l’avions remarqué lors de précédents updates, mais cette fois, Google confirme : Les sites municipaux et régionaux sont jugés utiles par la firme californienne.

C’est ainsi que l’on assiste à des bonds remarqués de sites officiels comme de nombreuses préfectures parmi les gagnants en pourcentages :

Ici, pas de mystère au ministère (SEO) ! Les sites officiels ont bénéficié du Helpful Content Update (HCU) grâce à leur contenu pertinent, organisé et axé sur l’utilité citoyenne.

Ils proposent tous des services en ligne, des guides pratiques, des informations locales et des démarches administratives, répondant ainsi aux attentes des citoyens et aux critères de Google en matière de contenu utile. Toutes les cases (ou presque) du EEAT (Experience, Expertise, Authoritativeness, Trustworthiness) sont cochées.

Bonus, on remarquera le décollage de montpellier.aeroport.fr un domaine de second niveau qui prend un premier rôle.

E-commerce

Les marques/distributeurs/boutiques en ligne (en BtoB ou BtoC) gagnantes passent parfois presque inaperçues, et pourtant elles font partie de ceux qui ont réussi à tirer leur épingle du jeu.

Comment ? Quels sont leurs points communs ?

En leur rendant visite mais aussi en analysant leur structure avec Sistrix, on remarque que presque tous ces sites offrent des guides d’achat et des fiches produits détaillées, le tout dans un écrin de storytelling. Plusieurs d’entre eux utilisent le storytelling pour raconter l’histoire de leur marque ou de leurs produits. Nous l’avions observé il y a quelque temps, et c’est une tendance qui essaime : toute une série de conseils pratiques, de recommandations personnalisées et de guides pourraient être une stratégie clé pour attirer l’attention des visiteurs.

Et puis, il y a l’authenticité qui rentre en jeu. Ces sites partagent un contenu authentique, répondant aux questions des consommateurs sans tactiques que l’on va qualifier de « trompeuses ».

Faisons un focus sur les boutiques spécialisées aux articles de modes et accessoires :

Jusqu’ici, à voir les acteurs du tableau, vous vous dites que c’est une série d’updates plus ou moins normale, sauf que pour les plus gros sites, c’est vraiment un autre son de cloche, et c’est là que devient pertinente la comparaison en points de visibilité.

Les gagnants en points de visibilité

Une tendance profonde se dessine avec ce « spring update » : c’est la mise en avant du contenu généré par l’internaute (User Generated Content en anglais), et en particulier une grande place laissée aux réseaux sociaux comme LinkedIn, Facebook ou Pinterest. Un des exemples remarqués, aussi bien outre-Atlantique que dans l’Hexagone, et qu’on ne dira pas qu’une fois… puisque c’est Reddit :

Dans le secteur l’UGC, on pensera aussi aux banques d’images :

Sans plus attendre le classement :

Dans ce tableau qui explore les sites classés par points de visibilité, on retrouve 2 gagnants qui ont été célébrés lors des SEO Awards 2024 de la FePSeM:

• Elsan.care , gratifié de l’Award de la meilleure progression en visibilité 2023, continue sa progression avec 5 points de plus sur la période.

• À peine 1 point de moins qu’un autre gagnant d’Awards (dans la catégorie meilleurSEO E-commerce), porté par l’agence Digimood , il s’agit d’aroma-zone.com.

Il faut avouer que pour ces deux sites, il s’agit d’une progression logique, normale dans la continuité et non due à l’update.

Les perdants du Core et Spam update de mars 2024 en France

On a l’habitude de dire que le SEO est un jeu de mouvement à somme nulle, car si un site monte, l’autre descend… c’est presque toujours le cas… sauf quand Google décide d’y mettre ses propres produits évidemment.

Parmi les perdants, il y a tout un pan de contenus et même d’outils permettant de générer du contenu avec l’IA qui ont été sanctionné. Ce fut le cas d’Eightify mais de glarity.app par exemple.

Et tant que j’évoque l’IA, j’aimerais souligner que l’IA et la qualité ne sont pas incompatibles…

Le problème, c’est qu’on la confond parfois avec l’automatisation sans vérification (images avec des personnages ayant autant de doigts que de neurones que leur créateur, des textes se trompant complètement sur les dates ou les noms de personnages… et le tout avec aplomb). Alors, si l’intelligence artificielle permet souvent d’écrire correctement, elle n’écrit pas juste.

C’est ici que Google a décidé de frapper, par le biais de la Core Update et de la Helpful Content Update, ciblant sans pitié les sites qui croyaient pouvoir faire fi des Guidelines pour les Quality Rater.

Décryptage du contenu de qualité

Bien au-delà de la qualité grammaticale donc ou même de l’aisance stylistique, le contenu de qualité implique plusieurs facteurs clés :

1. Véracité et Fact-Checking
   La véracité des informations est primordiale, et un bon fact-checking est indispensable pour inspirer confiance.
2. Expertise et résolution des besoins
   Le contenu doit démontrer une réelle expertise sur le sujet traité et répondre aux besoins spécifiques des utilisateurs.
3. Expérience Utilisateur (UX) et design
   Une expérience utilisateur positive, facilitée par un design ergonomique, engage davantage le lecteur.
4. Vitesse du site et bonne gestion de la publicité
   La vitesse du site (à l’heure de consommation de contenu par la GenZ) et une gestion judicieuse des publicités (ni trop, ni trop peu pour vivre évidemment) contribuent également à une expérience globale satisfaisante.

La pénalisation du contenu automatique

Google ne prend pas à la légère les directives des Quality Raters et les politiques anti-spam. Le géant de Mountain View pénalise le contenu automatique non révisé, quelle que soit sa qualité. Plus précisément, les pages générées automatiquement avec l’IA, sans ajouter de réelle valeur, sont particulièrement visées. En voici quelques exemples : presentation-cv-simple.com ou digitiz.fr.

On retrouve aussi des domaines expirés remontés et automatisés via l’IA. Google rappelle que l’utilisation abusive d’un domaine expiré est sanctionnable lorsqu’il s’agit d’une pratique délibérée visant à manipuler les positions en SERPs. Tout le monde a déjà compris qu’en réutilisant un nom de domaine avec une réputation établie et qu’on y héberge du contenu de piètre qualité, voire même dans une autre thématique dans le but d’exploiter la renommée passée (et surtout les backlinks) du site, c’est tromper les moteurs de recherche mais aussi les internautes.

Dans le tableau ci-dessous, voici le classement des sites ayant au moins 1 point de visibilité au début de la période de l’update, dont j’ai supprimé les sites pour adultes, les sites qui ont fermé leurs portes et les migrations.

Avant de montrer les sites qui ont perdus en point de visibilité, attardons-nous sur des secteurs.

Santé

Celui de la santé est impressionnant par les coups de scalpel dans la visibilité de certains acteurs :

Il est curieux de voir, comme s’il s’agissait d’un effet miroir, comment santemagazine.fr semble prendre la visibilité de passeportsante.net qui chute de près de 85 points.

J’aimerais en profiter pour rappeler que dans le secteur des sujets sur les thématiques YMYL (Your Money or Your Life), et tout particulièrement ceux liés à la santé, chaque information compte. La crédibilité d’un site repose sur l’expertise, la transparence et la capacité à fournir des conseils pertinents et actualisés.

Expérience et Expertise :

La base : un site de santé doit avant tout inspirer confiance. Chaque article doit être signé par un professionnel qualifié et sourçable, chaque affirmation corroborée par des sources indépendantes. Rien ne doit être laissé au hasard.

Véracité et transparence :

Il faut donc jouer la carte de la transparence : qui sont les auteurs, quel est le processus éditorial, comment les utilisateurs peuvent-ils contacter l’équipe ?
N’oublions pas que la moindre erreur peut avoir de graves conséquences.

Mises à jour et exactitude :
Peut-être le point le plus fastidieux, le contenu doit en plus d’être vérifié : mis à jour régulièrement. La santé évolue constamment et les recommandations médicales aussi. Les sites doivent s’assurer que chaque information est à jour et cohérente avec le consensus médical.

Recherches indépendantes et réputation :

Rien ne vaut une réputation solide. La construire prend des années. Si vous avez un site dans le domaine médical, travailler avec des experts reconnus serait souhaitable pour bâtir une autorité indiscutable.

Toutes ces raisons n’expliquent pas la chute et la hausse de certains acteurs, cependant, en matière de santé, rappelons qu’on ne peut se permettre d’être approximatif. Il faut être chirurgical ! La crédibilité et la précision sont essentielles pour mériter la confiance des internautes… Les Quality Raters opèrent à cœur ouvert… conquérissez le leur ;-).

La bataille des livres

Cela fait depuis quelques mises à jour que l’on peut observer de fortes variations dans le secteur des librairies traditionnelles et livres en général. C’est assez peu fréquent pour être signalé.

Les librairies qui tirent leur épingle du jeu semblent se démarquer par leur capacité à s’adapter aux attentes des lecteurs, à proposer une expérience utilisateur fluide et à exploiter les tendances saisonnières pour asseoir leur présence.

Pour celles en perte de vitesse, le défi pourrait consister désormais à moderniser leur offre, à investir dans une stratégie SEO solide et à orchestrer des campagnes marketing plus agressives. La compétition est rude, mais les lecteurs sont toujours au rendez-vous pour ceux qui savent leur parler… ou plutôt leur écrire.

L’abus d’autorité

Pour commencer, citons ce que le grand G entend par « abusif » en temps normal :

On parle d’utilisation abusive de la réputation d’un site lorsque des pages tierces sont publiées sans supervision ni implication étroite de la part du propriétaire, et que le but est de manipuler le classement dans les résultats de recherche en tirant parti des les signaux de classement du site propriétaire. Il s’agit des pages sponsorisées, publicitaires, de partenaires ou de tiers qui sont généralement indépendantes de l’objectif principal d’un site hôte ou qui ont été créées sans une supervision ni une implication étroite du site hôte, et qui ne présentent que peu ou pas d’intérêt pour les utilisateurs.

Spam Policies – Site Reputation

Google évoque clairement les stratégies des journaux pour obtenir davantage de visibilité. Ils sont prêts à accueillir en répertoire ou en sous-domaine des outils de type dictionnaires, par exemple, ou des contenus éditoriaux thématiques. Nous avions fait un focus sur Ouest-France, qui a, depuis, essaimé avec la même recette :

Ce n’est pas le seul journal à réaliser ce type d’opération. Dans l’article de décembre 2020, j’évoquais déjà l’évolution du métier de SEO vers Revenue Manager. Car le but ultime est d’accaparer le temps d’attention de l’internaute auprès de la galaxie de contenu qu’un producteur publie et indexe, permettant d’obtenir des visites… et ensuite de monétiser celles-ci via différents moyens à disposition :

• Contenus sponsorisés
• Liens d’affiliation
• Publicité native (ou moins native de type Push)
• Contenus premium payants
• Revente de données utilisateurs

Bref, toute une panoplie d’instruments qui poussent à la course à la visibilité.

Les publireportages et publicités natives

Google admet clairement que les publireportages et publicités natives sont tolérés dès lors que cela ne perturbe pas le lecteur. Il évoque également les pages de sites affiliés auxquelles il exige d’apporter une réelle valeur ajoutée grâce à du contenu original, des avis et des comparaisons rigoureuses qui enrichissent l’expérience utilisateur. Sans quoi, ce serait abuser !

Il arrive que des sites web ayant leur propre contenu de qualité hébergent également du contenu de qualité médiocre fourni par des tiers dans le but de tirer parti de la solide réputation du site hébergeur. Par exemple, un tiers peut publier des avis sur les prêts sur salaire sur un site web éducatif de confiance afin d’en tirer des avantages en termes de ranking. Ce type de contenu bien classé dans le moteur de recherche peut semer la confusion ou induire en erreur les visiteurs qui peuvent avoir des attentes très différentes quant au contenu d’un site web donné.

Annonce Google Search Update March 2024

Guides d’achat, codes promos, recettes…

Vous suivez ma pensée ? Les guides d’achat, codes promos, recettes de cuisine, jeux, horoscopes…

Nous avons sur la table un combo Spam Update + Helpful Content Update + Core Update… qui vient d’être complété par des sanctions manuelles.

Google avait promis un fort pourcentage de changements dans les résultats en SERPs, mais qu’en est-il dans les faits ?

Code promo aux USA

Ce n’est guère qu’aux USA que la vague a commencé, les pages de coupons des sites de CNN et Forbes affichant volontairement des pages 404. Jetons un œil à l’étendue des dégâts :

Code promo au Royaume-Uni

Et du coté de l’outre-manche :

D’ici quelques heures ou jours, je vous anime à revenir sur cet article, j’y publierai les changements observés dans les SERPs FR.

Guide d’achat et affiliation en France

En France, certains sites, pourtant spécialisés dans leur thématique semble souffrir d’une baisse de visibilité.

Avec Sistrix, on peut identifier rapidement les pages en questions. Par exemple chez Phonandroid.com, les pages dédié au comparaisons de VPN, écouteur ou produit Samsung sortent du top 100 :

Elles correspondent à celles qui proposent des guide d’achats avec liens d’affiliation mis en avant. Les liens affiliés sont pourtant indirects (https://www.phonandroid.com/go/cyberghost-VPN)

L’évolution du mot-clé « Code promo » en France

Voici l’évolution que l’on observe en SERP françaises pour le mot-clé « Code promo » avant l’annonce de la mise à jour « abus d’autorité« , celle d’un an auparavant, et celle du 13 mai 2024 :

Bien que le mot-clé générique « code promo » puisse laisser penser que certains gros médias pourraient être touchés, voici en réalité l’évolution des répertoires ou sous-domaines avec des mouvements significatifs dans la page de résultats :

Un nouvel update en cour ?

On observe des changements significatifs dans la visibilité de nombreux domaines depuis le 9 au soir sur les SERPs FR !
Comme toujours, il y a des gagnants et des perdants :

D’autres hausses :

Mais Google n’a pas encore annoncé officiellement de mise à jour de son algorithme.

Petit rappel :

• 𝖬𝗂𝗌𝖾𝗌 à 𝗃𝗈𝗎𝗋 𝖽’𝖺𝗅𝗀𝗈𝗋𝗂𝗍𝗁𝗆𝖾 = changement des règles de ranking
• 𝖱𝖺𝖿𝗋𝖺𝗂̂𝖼𝗁𝗂𝗌𝗌𝖾𝗆𝖾𝗇𝗍𝗌 𝖽𝖾 𝖽𝗈𝗇𝗇é𝖾𝗌 = impactent les informations sous-jacentes des positions en SERP

Coincidence ?
Pas sûr, avec le Google 𝗜/𝗢 dédié au Search prévu mardi prochain.

Encore un épreuve de force des SEOs vs les updates Google

Toutes ces mises à jour à la fois frustrent les SEOs et leurs clients, car dans la plupart des cas, ils perdent de la visibilité, donc du trafic et donc des revenus… sans pouvoir isoler exactement la cause liée à leur chute. Ce remue-ménage est tout de même vertueux car il nous pousse à :

• Améliorer nos stratégies
• Détecter les faiblesses
• Être meilleurs dans notre travail en résolvant un nouveau problème que l’on ignorait jusqu’à présent ou que l’on feignait de voir.

Et cela se passait du côté de l’intention de recherche Website ? Connaissez-vous le volume de recherche pour « Code promo Zalando » vs « Code Promo » ? La différence est x5…à la faveur du premier keyword 😉